Détails // Mars 1997 : McQueen, Isabella Blow et David LaChapelle

Azzedine Alaïa et Naomi Campbell, Halston et Bianca Jagger, Hubert de Givenchy et Audrey Hepburn… nombreux sont les designers à avoir entretenu des relations de longue haleine avec leurs muses. Mais l’un des duos les plus célèbre reste sans doute celui formé par Alexander McQueen et Isabella Blow. Tombée sous le charme des créations du designer lors de la présentation de sa collection de fin d’études, la styliste commence par lui acheter l’intégralité des pièces, qu’elle paye petit à petit. A la fois muse et mécène, elle lui propose également de s’installer dans le sous-sol de sa maison de Belgravia, afin qu’il puisse créer tranquillement. Il y rencontrera un autre protégé de Blow, le chapelier Philip Treacy, qui deviendra le troisième membre de ce trio infernal qui incarne à lui seul toute l’excentricité et la créativité de la scène mode britannique des 90’s.
Jusqu’à son décès en 2007, Isabella Blow n’a eu de cesse d’ouvrir toutes les portes possibles à Alexander McQueen, faisant de son mieux pour que son talent soit reconnu de tous. Bien souvent vêtue de ses créations (qu’elle a été la première à faire figurer dans Vogue UK en 1993), elle était avant tout une confidente. Aussi, il était tout naturel qu’elle soit photographiée à ses côtés pour le numéro de mars 1997 de « Vanity Fair ». Immortalisé par David La Chapelle, le duo prend la pose devant le château de Hedingham (Essex) en proie aux flammes.
« Je l’avais transformé, lui, en châtelaine et Isabella en suivante devant un château anglais dévasté, un peu à l’extérieur de Londres », s’est souvenu pour Le Figaro le photographe en 2010, suite à la disparition du créateur. « C’était en 1995, en hiver. Je lui avais fait porter une robe avec un corset, ses larges épaules étaient nues. Derrière lui, Isabella était comme une figurine de cartoon ou une danseuse, elle tenait sa traîne et haussait les yeux au ciel. Avec ses gants longs de cuir rouge, Alexander tenait une torche et riait sauvagement comme s’il avait mis le feu au château. Je trouve que c’est exactement ce qu’il a fait. Il a mis le feu à la mode. »
Bien que très populaire, la photo n’était pas vraiment du goût du designer. « Avec les années, Alexander s’était mis à détester cette image », avait poursuivi le photographe. « Il me l’avait dit. Il se trouvait trop gros dans cette robe, ridicule, laid, il détestait le burlesque de la situation. Il voulait être photographié dans un mode plus grave, plus gothique, plus mystérieux, plus viril, plus brutal aussi. Il ne voulait plus rire ou même sourire sur les photos. Je sais pourtant que cette image joyeuse était vraiment lui, sa nature profonde, y compris dans le mépris du jugement négatif des autres. »
Moment // March 1997 : McQueen, Isabella Blow and David LaChapelle
Azzedine Alaïa and Naomi Campbell, Halston and Bianca Jagger, Hubert de Givenchy and Audrey Hepburn… many designers have had long term relationships with their muses. But one of the most famous duos is undoubtedly that formed by Alexander McQueen and Isabella Blow. Fallen under the spell of the designer’s creations during the presentation of his graduation collection, the stylist quickly bought all the pieces, which she paid little by little. Both muse and patron, she also offered to let him live in the basement of her house in Belgravia, so that he could create in peace. There, he met another of Blow’s protégés, the hatmaker Philip Treacy, who became the third member of this unstoppable trio that embodied all the eccentricity and creativity of the British fashion scene of the 90’s.
Until her death in 2007, Isabella Blow never ceased to open all possible doors to Alexander McQueen, doing her best to ensure that his talent was recognized by all. Often dressed in her designs (which she was the first to feature in Vogue UK in 1993), she was above all a confidante. So it was only fitting that she was photographed alongside him for the March 1997 issue of « Vanity Fair ». Immortalized by David La Chapelle, the duo posed in front of Hedingham Castle (Essex) in the grip of flames.
« I had transformed him into a chatelaine and Isabella into a companion in front of a devastated English castle, a little outside London, » recalled the photographer for Le Figaro in 2010, following the death of the designer. « It was in 1995, in winter. I had made him wear a dress with a corset, his broad shoulders were bare. Behind him, Isabella was like a cartoon figure or a dancer, she held her train and shrugged her eyes to the sky. With his long red leather gloves, Alexander was holding a torch and laughing wildly as if he had set the castle on fire. I think that’s exactly what he did. He set the fashion world on fire. »
Although very popular, the photo wasn’t exactly to the designer’s taste. « Over the years, Alexander had grown to hate this image, » the photographer had continued. « He told me so. He thought he was too fat in that dress, ridiculous, ugly, he hated the burlesque of the situation. He wanted to be photographed in a more serious mode, more gothic, more mysterious, more virile, more brutal also. He didn’t want to laugh or even smile in the pictures. Yet I know that this joyful image was really him, his deepest nature, including his disregard for the negative judgment of others. »
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